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Intelligence artificielle et éthique : 5 pistes pour une utilisation raisonnée de l’IA en traduction et interprétariat

Recherche terminologique en cabine d'interprétation

Le surgissement de DeepSeek a fait l'effet d'un coup de théâtre sur la scène mondiale de l'intelligence artificielle (IA). Cette alternative chinoise de ChatGPT, réalisée pour quelques milliards de moins, n’a pas fini de faire couler l’encre, tout comme l’IA en général. Si elle s’est s’introduite dans de nombreux domaines, celui de la traduction ne fait pas exception et les barrières linguistiques n’ont jamais semblé aussi faciles à franchir. Pourtant, derrière cette apparente simplicité se cachent des enjeux éthiques et pratiques majeurs.

Vous êtes traducteur ou interprète professionnel ou simple utilisateur ? Voici 5 pistes pour garder la tête hors de l’eau dans le grand bain de l’IA.

1. L’IA est complémentaire de l’humain, elle ne le remplace pas

On le sait, les outils de traduction basés sur l’IA sont impressionnants, et ne cessent d’évoluer, mais ils restent des outils faillibles.

Notre faculté à conceptualiser et ressentir un large spectre d’émotions fait de nous des êtres à part. De la même manière, les professionnels de la traduction et de l'interprétation apportent une expertise qui leur est propre, faite de leur sensibilité et de leurs choix propres.

L’IA peut donc permettre de gagner du temps sur des questions linguistiques simples, mais tout projet exigeant mérite un traducteur ou interprète qualifié.

2. Exactitude et fiabilité : toujours vérifier ce que vous dit l’IA

Les IA génératives se basent sur des algorithmes au préalable « nourris » de millions de données afin de prédire les traductions les plus probables.

Le premier écueil est d’obtenir des résultats qui manquent de nuances culturelles, de contextes spécifiques ou de subtilités linguistiques.

Un nouveau paradoxe est également en train d’émerger : après avoir absorbé les données humaines disponibles pendant des années, les IA captent désormais des textes qu'elles ont elles-mêmes générés.

Cela crée un appauvrissement de la langue, ainsi qu’une recrudescence des hallucinations, ces réponses trompeuses présentées comme un fait avéré. Le chercheur Marc Watkins le constate, « Il y a une nouvelle “ruée vers l’or” pour obtenir des données de qualité produites par les humains. »

3. Respecter la confidentialité

L’un des risques liés à l’utilisation de l’IA dans les traductions de nature délicate est la possibilité de fuite ou d’exploitation.

Certains éditeurs d’IA stockent les informations communiquées par les utilisateurs afin d’améliorer leurs modèles. Amazon a dû intimer à ses employés de ne plus divulguer d’informations confidentielles à ChatGPT.

Communiquer le moins d’informations possible à l’IA est donc fortement suggéré. Notamment s’il s’agit de traductions délicates, médicales ou judiciaires. Dans ces cas, utilisez des plateformes qui garantissent la confidentialité, cryptent les données, ou passez par des solutions hébergées localement qui ne nécessitent pas de transfert d’informations.

4. Si l’humain est partial, l’IA l’est d’autant plus

Les IA sont partiales "d'office", car leur système se base sur des données existantes qui peuvent contenir des biais culturels, genrés ou idéologiques.

L’UNESCO souligne qu’à la question “Quels sont les grands personnages historiques”, les IA ne donnent presque pas de noms de femmes par exemple. Une traduction automatique peut donc venir renforcer, sans que vous en ayez conscience, des stéréotypes racistes, sexistes ou homophobes.

Plus alarmant encore, si vous demandez à DeepSeek de connaître les événements de la Place Tian’anmen ou les conditions de travail des Ouïghours, l’IA vous demande de passer votre chemin par un lacunaire “Changeons de sujet”.

Il est donc important de rester critique face aux résultats proposés, et ne pas hésiter à ajuster les traductions afin qu’elles soient le plus inclusives et respectueuses du message original que possible.

5. IA et propriété intellectuelle, un duo durement réconsiliable

Contrairement aux traductions humaines, protégées par le droit d’auteur si elles sont originales, celles générées par une IA ne bénéficient pas de cette protection : une machine n’est pas reconnue comme auteur.

De plus, les récoltes de données se font souvent sans l’accord des créateurs, ce qui pose des problèmes de licence et de plagiat. Le célèbre New York Time a d’ailleurs porté plainte contre ChatGPT, accusé d’avoir « régurgité » des contenus du journal.

Des recours auprès de la plupart des plateformes restent possibles pour leur demander le retrait de vos textes, faut-il encore s’en rendre compte et pouvoir le prouver.

Quid enfin de la responsabilité légale ? Si une traduction automatique entraîne des erreurs, voire des conséquences graves, à qui la faute est-elle imputable ? À l'humain qui a utilisé ledit outil de traduction automatique, bien entendu.

En conclusion, le devoir de vigilance est plus que jamais nécessaire

Le paysage de l’IA évolue plus vite qu’il ne le faut pour l’écrire, il s’agit donc d’en comprendre les limites, de garder une éthique dans sa pratique et de valoriser l’expertise humaine.

Conférences et tables rondes, recommandations de l’UNESCO, chartes publiques et privées… de nombreuses ressources sont à notre portée pour rester informé des débats éthiques qui entourent l’IA.

 

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